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À propos Frimousse

Moi, Frimousse, je cherchais une maison. J'avais essayé, sans succès, chez les voisins, alors je suis entré chez mes Maîtres et depuis je partage leur vie. Toujours en grande forme, dans le froid de l'hiver ou près du feu, à l'ombre des framboisiers en été… Mon comportement étrange, ma santé, leur a fait souci. Ils ont eu peur que ce soit grave. Ils espèrent que je partagerai encore de nombreuses années avec eux.

« Ce n’est qu’un chat, quand même ! … »

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Hier, Zoé a mis un commentaire sur l’article du Blog de Frimousse. Moi, Frimousse, et mon Maître on vous invite à lire le texte ajouté à son commentaire, si vous ne l’avez pas déjà fait. Voici.

Je me souviens de cette femme, un soir, qui pleurait … C’était chez des amis. On se donnait des nouvelles des enfants. Elle avait dit simplement : « Mon petit chat est mort. » Et elle s’était mise à pleurer … Et, dans un coin du salon, un monsieur avait dit à un autre, en haussant les épaules : « Ce n’est qu’un chat, quand même ! … »
Ce n’est qu’un chat !… Mais c’est immense, un chat, vous ne savez pas, Monsieur ? C’est immense … Vous n’en avez pas, évidemment, et vous ignorez que l’on peut avoir, lorsqu’il s’en va à tout jamais, autant de chagrin que s’il s’agissait d’un enfant … Aux gens qui n’en ont pas, ça paraît sacrilège … Comment peut-on comparer, n’est-ce pas ? …
C’est parce que vous ne savez pas, Monsieur. Vous ne savez pas la place que ça prend, un chat, dans une vie – ces yeux d’or qui vous dédient un regard d’éternité, cette patte douce qui se pose sur votre main, ces mouvements qui sont la beauté et la grâce et dont chacun exprime une sensation, un sentiment, et cette tête ronde et dure qui se colle à votre tempe pour vous dire je t’aime aussi …
Tout cela, Monsieur, vous ne le savez pas, et quelque chose vous manque.
Mais je ne sais pas si je dois vous plaindre ou vous envier …. Parce que vous ne tremblez pas chaque fois qu’il tousse, ou éternue, ou n’a pas faim ; chaque fois qu’il s’est battu et que l’on cherche dans son poil, la trace des morsures et des griffes ; chaque fois qu’il rentre tard et que l’on ne sait pas, si dans la rue, un imbécile, qui roulait trop vite, ne l’a pas projeté contre un mur, désarticulé, brisé …
Mais vous ne connaîtrez jamais non plus, c’est vrai, le bonheur d’un amour gratuit partagé. Parce que les chats, Monsieur, c’est tout le contraire de ce que certains racontent : c’est tendre, c’est bon, c’est fidèle, c’est lucide, c’est intelligent, c’est doux et ça vous dit des choses …. Tant de choses ! …

Alors j’aurai voulu la prendre dans mes bras, cette femme que je connaissais à peine, et qui pleurait, et j’aurais voulu lui dire :
« Je vous comprends … Pleurez tant que vous voudrez, pleurez sans vous soucier des autres. Eux ne savent pas et moi si …. »


Philippe RAGUENEAU

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